Le rythme
Si, en français, la structure du vers se fonde sur un nombre déterminé de syllabes, le rythme en est donné par la syntaxe. Dans la diction d'un énoncé versifié, il s'agit de trouver l'équilibre entre le rythme et le nombre.
Les coupes
Fondé sur le jeu des accents le rythme repose sur des coupes secondaires ou principales qui suivent les accents toniques placés sur la dernière syllabe accentuée d'un mot ou d'un groupe de mots formant une unité grammaticale, et donc un groupe rythmique. On repère en particulier les rythmes binaires constitués par deux mesures de six syllabes qu'on appelle hémistiches. L'alexandrin classique obéit à ce schéma :
Qui n'a pu l'obtenir | ne le méritait pas.
Corneille, Le Cid
L'alexandrin peut comporter des coupes secondaires, créant parfois des tétramètres constitués par quatre mesures de trois syllabes.
C'est Vénus | toute entière | à sa proie | attachée.
Racine, Phèdre
On rencontre aussi des rythmes ternaires comportant trois mesures de quatre syllabes, avec effacement de l'hémistiche, trimètre caractéristique de l'alexandrin romantique.
J'ai vu le jour | j'ai vu la foi | j'ai vu l'honneur.
Hugo, Le petit roi de Galice.
Trois syntagmes sont parfois disposés selon un ordre croissant ou décroissant :
Seigneur | de ce départ | quel est donc le mystère?
Racine, Bérénice.
La rue assourdissant | autour de moi | hurlait.
Baudelaire, À une passante.
En français, donc, l'accent n'est pas métrique, il est linguistique.6 Si bien que la césure apparaît partout où elle coupe la phrase :
Tiens, | le voilà! | Marchons. | Il est à nous. | Viens. | Frappe.
Presque chaque mot est une césure dans ce vers.
Hélas! | Quel est le prix des vertus? | La souffrance.
Comme on le voit, le second syntagme de cet alexandrin ne peut être césuré vocalement. Pas plus que dans celui-ci :
Courez au temple. | Il faut immoler... | - Qui? | - Pyrrhus.
Racine, Andromaque.
Quand le syntagme a le même nombre de syllabes que le vers, celui-ci est appelé linéaire, et doit être phrasé d'un trait :
Volage adorateur de mille objets divers
Racine, Phèdre.
Aboli bibelot d'inanité sonore
Mallarmé, Sonnet en X.
Et la tigresse épouvantable d'Hyrcanie
Verlaine, Dans la grotte.
Fileur éternel des immobilités bleues
Rimbaud, Le bateau ivre.
Dans ces deux derniers exemples l'hémistiche classique a complètement disparu.
Comme en ces deux autres,où la finale "muette" qui se prononce, la voyelle blanche, de "entre" est située en sixième position et celle de "lune" en septième position de l'alexandrin.
Il agonise entre le mensonge et la fable
Cocteau, Le casque de Lohengrin.
Par une bonne lune de brouillard et d'ambre,
La Tour du Pin, Enfants de septembre.
Au bout du compte, ce sont les poètes qui ont le dernier mot.
"Les fidèles à l’alexandrin, notre hexamètre, desserrent intérieurement ce mécanisme rigide et puéril de sa mesure ; l’oreille, affranchie d’un compteur factice, connaît une jouissance à discerner, seule, toutes les combinaisons possibles, entre eux, de douze timbres."
Mallarmé, Crise de vers.
L'enjambement
Il apparaît quand il y a discordance entre la structure grammaticale et la structure rythmique des vers (= débordement). Exemple avec séparation du sujet et du verbe :
« Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie ».
(Nerval - El Desdichado)
L'enjambement est parfois accompagné de procédés de mise en relief que sont le rejet quand l'élément décalé au début du deuxième vers est bref,
« L 'empereur se tourna vers Dieu; l'homme de gloire // Trembla ; »
Hugo – L'Expiation
ou le contre-rejet quand un élément bref est mis en valeur à la fin du premier vers
ex. « Un enfant accroupi, plein de tristesse, lâche //Un bateau frêle comme un papillon de mai »
Rimbaud - Le Bateau ivre).
Si, en français, la structure du vers se fonde sur un nombre déterminé de syllabes, le rythme en est donné par la syntaxe. Dans la diction d'un énoncé versifié, il s'agit de trouver l'équilibre entre le rythme et le nombre.
Les coupes
Fondé sur le jeu des accents le rythme repose sur des coupes secondaires ou principales qui suivent les accents toniques placés sur la dernière syllabe accentuée d'un mot ou d'un groupe de mots formant une unité grammaticale, et donc un groupe rythmique. On repère en particulier les rythmes binaires constitués par deux mesures de six syllabes qu'on appelle hémistiches. L'alexandrin classique obéit à ce schéma :
Qui n'a pu l'obtenir | ne le méritait pas.
Corneille, Le Cid
L'alexandrin peut comporter des coupes secondaires, créant parfois des tétramètres constitués par quatre mesures de trois syllabes.
C'est Vénus | toute entière | à sa proie | attachée.
Racine, Phèdre
On rencontre aussi des rythmes ternaires comportant trois mesures de quatre syllabes, avec effacement de l'hémistiche, trimètre caractéristique de l'alexandrin romantique.
J'ai vu le jour | j'ai vu la foi | j'ai vu l'honneur.
Hugo, Le petit roi de Galice.
Trois syntagmes sont parfois disposés selon un ordre croissant ou décroissant :
Seigneur | de ce départ | quel est donc le mystère?
Racine, Bérénice.
La rue assourdissant | autour de moi | hurlait.
Baudelaire, À une passante.
En français, donc, l'accent n'est pas métrique, il est linguistique.6 Si bien que la césure apparaît partout où elle coupe la phrase :
Tiens, | le voilà! | Marchons. | Il est à nous. | Viens. | Frappe.
Presque chaque mot est une césure dans ce vers.
Hélas! | Quel est le prix des vertus? | La souffrance.
Comme on le voit, le second syntagme de cet alexandrin ne peut être césuré vocalement. Pas plus que dans celui-ci :
Courez au temple. | Il faut immoler... | - Qui? | - Pyrrhus.
Racine, Andromaque.
Quand le syntagme a le même nombre de syllabes que le vers, celui-ci est appelé linéaire, et doit être phrasé d'un trait :
Volage adorateur de mille objets divers
Racine, Phèdre.
Aboli bibelot d'inanité sonore
Mallarmé, Sonnet en X.
Et la tigresse épouvantable d'Hyrcanie
Verlaine, Dans la grotte.
Fileur éternel des immobilités bleues
Rimbaud, Le bateau ivre.
Dans ces deux derniers exemples l'hémistiche classique a complètement disparu.
Comme en ces deux autres,où la finale "muette" qui se prononce, la voyelle blanche, de "entre" est située en sixième position et celle de "lune" en septième position de l'alexandrin.
Il agonise entre le mensonge et la fable
Cocteau, Le casque de Lohengrin.
Par une bonne lune de brouillard et d'ambre,
La Tour du Pin, Enfants de septembre.
Au bout du compte, ce sont les poètes qui ont le dernier mot.
"Les fidèles à l’alexandrin, notre hexamètre, desserrent intérieurement ce mécanisme rigide et puéril de sa mesure ; l’oreille, affranchie d’un compteur factice, connaît une jouissance à discerner, seule, toutes les combinaisons possibles, entre eux, de douze timbres."
Mallarmé, Crise de vers.
L'enjambement
Il apparaît quand il y a discordance entre la structure grammaticale et la structure rythmique des vers (= débordement). Exemple avec séparation du sujet et du verbe :
« Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie ».
(Nerval - El Desdichado)
L'enjambement est parfois accompagné de procédés de mise en relief que sont le rejet quand l'élément décalé au début du deuxième vers est bref,
« L 'empereur se tourna vers Dieu; l'homme de gloire // Trembla ; »
Hugo – L'Expiation
ou le contre-rejet quand un élément bref est mis en valeur à la fin du premier vers
ex. « Un enfant accroupi, plein de tristesse, lâche //Un bateau frêle comme un papillon de mai »
Rimbaud - Le Bateau ivre).