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    Le romantisme

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    Le romantisme Empty Le romantisme

    Message par Admin Ven 5 Juin 2009 - 19:23

    Le Romantisme


    Aux environs de 1820, année de publication des Médiations, de Lamartine, se produit la première "explosion" poétique du XIXème siècle. Pour dire un monde qui change, une histoire qui vacille et un Moi qui découvre ou redécouvre ses profondeurs, les romantiques réinventent une poésie authentique et libérée, qu'ils font dépositaire de tous leurs engagements, de tous leurs désespoirs et de toutes leurs chimères. Même si l'histoire littéraire n'a trop retenu de leur création que les variations répétées d'un lyrisme qui risque parfois de dégénérer en sensiblerie ou mièvrerie, ce sont eux pourtant, Lamartine en tête, Hugo et Nerval ensuite, qui ont engagé la poésie sur la voie de sa modernité, en lui assignant pour mission l'utopie de la "totalité", en dilatant son inspiration aux dimensions d'une conscience socio-historique comme de l'imaginaire.

    Grand, petit, illustre ou obscur, le poète romantique se reconnait d'abord à ce qu'il dit JE et qu'il revendique cet usage de la première personne comme le signe de sa spécificité littéraire. Le Moi sujet et objet du poème, narrateur et destinataire privilégié du recueil, tel est à la limite le statut du texte romantique: " Je n'imitais plus personne, dira Lamartine dans ses Médiations, je m'exprimais moi-même pour moi-même. Ce n'était pas un art, c'était un soulagement de mon propre coeur qui se berçait de ses propres sanglots." Du "Lac", de Lamartine à "La Maison du berger", de Vigny en passant pas "Les Nuits", de Musset, ce "coeur" devient tout à la fois le lieu et l'enjeu d'une poésie qui se refuse désormais aux spéculations abstraites ou à l'esthétisme gratuit. "Ce qu'il faut à l'artiste et au poète, écrit Musset en 1831, c'est l'émotion. Quand j'éprouve, en faisant un vers, un certain battement du coeur que je connais, je suis sûr que mon vers est de la meilleure qualité que je puisse pondre...".

    Nouveau fondement du discours poétique, le Moi n'est pourtant jamais épuisé par ce discours qui en décrit les drames et les passions. Le poème romantique est en ce sens irréductible aux seules anecdotes de la subjectivité; il est toujours aussi "écho" d'impressions, reflet d'une "intimité" silencieuse et troublante qui excède son propre langage. "La poésie, écrit encore Lamartine, sera intime surtout..., l'écho profond, réel, sincère des plus mystérieuses impressions de l'âme. Ce sera l'homme lui-même et non plus son image, l'homme sincère et tout entier." Intimité grandiose, devrait-on dire, prête à toutes les "dilatations" du rêve et de la pensée. Affranchie, la poésie romantique s'ouvre ainsi aux rêves, aux angoisses et aux fantasmes qui avortaient jusque-là dans les marges ou les silences de la poésie classique. Elle s'autorise encore, à des rares exceptions près comme chez Musset, l'inspiration militante, voire révoltée ou révolutionnaire. Hugo bien sûr, mais également Lamartine et Vigny, en s'engageant, directement ou par la "procuration" du poème, du côté du "peuple" souffrant et opprimé, témoignent d'une conscience nouvelle de la fonction et des pouvoirs de la poésie. Reprenant enfin à leur compte l'une des qualités que Germaine de Staël exigeait du "vrai" poète, "savoir considérer l'univers entier comme un symbole des émotions de l'âme", les poètes de 1830, avant Baudelaire et les symbolistes de la fin du siècle, ont, les premiers, une intuition essentielle: l'oeuvre peut se faire espace de dévoilement de l'unité mystérieuse du Moi et du monde, lieu d'une promesse de réconciliation de l'humanité et de l'Histoire. Sans attendre Nerval ou les poèmes d'exil de Hugo, on trouvera chez Lamartine et dans "Les Destinées" de Vigny, cette conviction que la poésie, mieux que tout autre genre littéraire, peut dire l'ailleurs et l'au-delà de la "présence", peut promettre l'avénement d'un "esprit" nouveau et libérateur.

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